Les salles de cinéma sont un des piliers de la chaîne de valeur du film et, historiquement, le lieu dans lequel débute la circulation d’un film et sa relation avec le public. Cependant, depuis plusieurs mois, les chiffres annoncés, bien inférieurs à ceux de la période pré-Covid et notamment de l’année 2019, font état d’une baisse de la fréquentation au niveau européen.
Accélérée par la pandémie, cette évolution de la fréquentation marque la transformation des pratiques des publics et met en lumière certaines fragilités du secteur. Concurrencées par les plateformes et les nouveaux usages, mais aussi souffrant du contexte économique incertain qui impacte les comportements des spectateur·rice·s, les salles de cinéma peinent à redynamiser leur activité. Et ce, alors même que la fréquentation des cinémas est une pratique culturelle ancrée et populaire, largement développée à l’échelle européenne.
Par ailleurs, si les salles ne sont pas l’unique lieu de diffusion des films, elles sont pour autant un maillon essentiel dans la circulation des œuvres européennes, notamment indépendantes. Ce sont souvent les choix de programmation des exploitant·e·s qui permettent à ces œuvres, qui bénéficient d’une couverture médiatique modeste et d’un réseau de distribution limité, de trouver un public. De plus, les salles ont aussi souvent un rôle de cohésion sociale, en créant du lien entre habitant·e·s d’un territoire par exemple. Il s’agit de lieux ouverts et vivants, qui limitent rarement leur activité à une programmation de films, et proposent des débats, des rencontres, des actions éducatives… C’est d’ailleurs ce qui les distinguent des plateformes et des modes de consommation du cinéma qui s’y développent.
Comment relancer et entretenir la relation entre salles et publics ? Comment réinventer les expériences de la salle ? Comment renforcer l’accessibilité des salles et des œuvres européennes qui y sont programmées ? Comment faire coexister les différentes pratiques ?
(Édito e-MEDIA du 14 novembre 2022)