Thorium, la face gâchée du nucléaire
Si le nucléaire n’avait pas été inventé pour bombarder Hiroshima ou propulser la marine militaire, à quoi ressembleraient nos réacteurs ? Si d’emblée on avait pensé l’énergie atomique pour le civil, pour fournir énergie et chaleur, avec pour but d’épauler la montée en puissance de l’éolien et du solaire plutôt que de l’étouffer ? Si les réacteurs avaient été conçus pour être sûrs par eux-mêmes, au lieu de reposer sur un empilement de dispositifs de sécurité ? Si l’enjeu avait été non pas de produire du plutonium, mais de ne PAS en produire ?
Eh bien, nos réacteurs seraient sans doute des Réacteurs à Sels fondus de Thorium. Tchernobyl et Fukushima seraient restés des points anonymes sur la carte. Le monde moderne aurait délaissé charbon et hydrocarbures et le changement climatique serait de la science fiction. Si… Sauf qu’entre ces « si » et nous, il y aura eu la seconde guerre mondiale, la guerre froide, la guerre économique, les guerres du pétrole… Mort-nés dans les années 40, enterrés en 73, les réacteurs à sels fondus refont surface, portés par les seuls chercheurs, loin de l’industrie de l’armement et à l’écart de l’industrie nucléaire conventionnelle. De là à dire qu’ils joueront un rôle cette fois… Voyage vers la face gâchée du nucléaire.